Moment de partage intergénérationnel en maison de retraite

De nos jours, les Ehpad cherchent toujours de nouvelles activités pour embellir la vie de leurs résidents. Isolement, dépression, souvent l’inscription en maison de retraite peut avoir un impact stressant et négatif sur les seniors. Un nouveau phénomène est en train d’apparaitre et de se développer en France. Imaginez, si on fusionnait une crèche avec une maison de repos ? C’est la nouvelle structure qui a été créé à Tourcoing, dans le Nord. Voilà une idée qui redonne le sourire aux personnes âgées et qui apporte des bienfaits aux enfants comme aux pensionnaires. Les Ehpad de la région PACA Senectis se sont intéressés à cette nouvelle forme de thérapie intergénérationnelle.

Grand-mère lisant un livre à ses petits-enfants.
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Un concept anti-âgiste

Cette pratique a été initialement crée aux États-Unis à Seattle. Dans le documentaire approfondi d’Ewan Briggs, The Growing Season (2015), on peut voir la joie qu’apportent les enfants aux personnes âgées et les liens qui les unissent. En France, on compte une douzaine de maisons de retraite intergénérationnelles à ce jour. L’établissement des Orchidées à Tourcoing, est un des pionniers dans l’Hexagone. C’est une initiative très importante pour lutter contre l’isolement des personnes âgées.

Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) alerte sur la « ghéttoïsation », la « dénégation collective du vieillissement » et sur le fait que « le grand âge s’accompagne de mise à l’écart ». Il ne faut pas négliger l’importance de ce problème. Sur 600 000 personnes placées en Ehpad et maisons de retraite, 40% souffrent d’un syndrome dépressif. Notre pays connait le plus fort taux de suicide chez les plus de 75 ans. Il ne faut pas délaisser nos aînés et c’est pourquoi trouver des solutions innovantes pour y remédier est plus que nécessaire surtout aujourd’hui puisque le nombre de seniors est en augmentation.

En pratique…

L’importance des liens intergénérationnels est indéniable. Dans cette pratique, tout est basé sur le principe du volontariat des enfants et des résidents. Et les atouts de cette thérapie sont très nombreux. Les enfants accroissent leurs capacités d’adaptation. Ils sont très attentifs aux seniors et apprennent à maîtriser leur énergie. Le contact avec les personnes âgées augmente aussi la bienveillance des enfants, et plus largement envers les personnes handicapées et plus dépendantes. C’est l’esprit d’une société plus inclusive et dans l’acceptation des différences. La clé de la réussite de cette technique est de créer des liens entre nos anciens et la nouvelle génération, ce qui était l’une des recommandations du comité pour lutter contre l’isolement des seniors.

Et pour les résidents, de nombreuses améliorations ont été constatées. Par exemple, la présence des enfants stimule les personnes qui sont de ce fait plus actives. Un effet donc très positif sur la santé mentale des seniors et leur moral. Les visites aident aussi à faire travailler leurs capacités cérébrales par le jeu et les histoires qu’ils lisent aux jeunes. Les personnes âgées se sentent beaucoup moins seules, surtout lorsque leurs familles habitent loin. La présence des enfants permet de compenser un peu l’absence de leurs proches, et de leurs petits-enfants par exemple. Les pensionnaires se sentent considérés car les enfants n’ont aucun jugement et aucun apriori, les relations établies sont très sincères. Cela leur montre également qu’ils ont encore des choses à transmettre aux nouvelles générations. Il y a beaucoup de similarités entre eux, comme le principe de l’autonomie : les bambins l’apprennent et les seniors cherchent à la conserver. Ils s’apportent mutuellement beaucoup, c’est un véritable échange.

Les maisons de retraite sont en constante évolution et on pense dès aujourd’hui aux ehpad de demain. Le rapport Libault, sur la concertation Grand-âge et autonomie, a proposé dans ses mesures d’associer à cette cause les plus jeunes. L’objectif est, à travers une « journée de l’expérience », d’organiser des visites intergénérationnelles et pourquoi pas des correspondances entre résidents et enfants.