Un mépris directement lié à l’âge qui a tendance à regrouper sous une même bannière les personnes âgées tout en gommant les individualités de chacun. Voilà une pratique courante, quotidienne et qui peut avoir de graves conséquences sur la santé physique et la santé mentale des personnes vieillissantes. Aujourd’hui, parlons âgisme et réfléchissons aux meilleures façons de l’affronter.
Avant toute chose, qu’est-ce que l’âgisme ?
On pourrait définir ce terme comme étant une discrimination liée à l’âge entrainant par extension tout un lot d’injustices, une catégorisation préjudiciable d’une partie de la population ainsi que des désavantages.
Il s’agit de stigmatisations entretenues plus ou moins inconsciemment. Cette segmentation de l’âge isole systématiquement celles et ceux qui en sont victimes. À partir d’un certain seuil, les personnes âgées ne sont plus représentées ou elles font moins partie de la vie sociale, culturelle, économique et même politique…
Une discrimination qui se révèle au quotidien
La discrimination envers les seniors se ressent dans de nombreux aspects de la vie quotidienne mais aussi la politique. Pour ne citer que quelques exemples :
- Il est particulièrement difficile de contracter un prêt bancaire après un certain âge.
- Des emplois sont refusés et l’insertion professionnelle se transforme en un parcours du combattant à la suite d’un arrêt temporaire ou à un changement de poste. Même chose pour la formation qui est beaucoup moins accessible…
- Les critiques systématiques sur le système de retraite qui, selon beaucoup, coûte « trop cher » aux travailleurs.
- Les attitudes infantilisantes qui excluent les seniors simplement sur le critère de l’âge.
- On ne donne plus de voix aux personnes âgées pensant que leurs avis ou leurs expériences ne nous apprendront rien. C’est d’ailleurs la suprématie de la performance et de l’activité qui véhicule ce type d’idées !
Autant d’attitudes négatives qui mettent à mal la solidarité et la cohésion entre les générations. Et ce clivage a forcément des répercussions sur la santé et le bien-être des personnes âgées.
Porter un regard péjoratif ne serait-il pas le miroitement de ce que nous craignons au final ? L’angoisse de vieillir année après année, la peur de mourir, la phobie de l’isolement social des seniors, le rejet de la possibilité de s’inscrire dans une maison de retraite un jour… C’est en tout cas ce qu’avance la députée Audrey Dufeu dans son essai intitulé Comment combattre l’âgisme publié dans la revue Regards en 2021. D’ailleurs, cet article fait écho à un précédent rapport gouvernemental “Réussir la transition démographique et lutter contre l’âgisme” qu’elle avait rédigé suite à la demande de Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé à ce moment-là.
Et la crise de la Covid-19 n’a rien arrangé…
On ne compte plus les commentaires insultants laissés sur les réseaux sociaux quant à la prise en charge de la pandémie ou de la politique de vaccination. Une fois encore, les seniors ont été injustement pointés du doigt et des discours plus offensants les uns que les autres ont été diffusés…
Pour protéger les personnes les plus vulnérables lors de la crise sanitaire, le gouvernement a tenu en premier lieu un discours centré sur la campagne de vaccination des personnes âgées. L’âge n’est pourtant qu’un des nombreux facteurs augmentant les risques de décès suite à la contraction du virus Covid19. Lors des confinements successifs, les réels besoins des seniors n’ont pas toujours été pris en compte. Certains témoignages de résidents en maisons de retraite familiales suite à l’interdiction de voir leurs proches sont bouleversants…
Pendant la crise, qui sévit toujours malheureusement à l’heure où nous écrivons cet article, les personnes âgées sont la cible récurrente des discours moralisateurs alors que la situation doit être traitée dans son ensemble, dans toutes les strates de la société.
Comment lutter et faire changer les mentalités ?
Les attitudes banalisées tendent à intensifier ces pratiques. Les évolutions et prédictions démographiques sont unanimes : il y aura encore plus de personnes âgées d’ici une quarantaine d’années. Alors comment (ré)agir ?
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), soutenue par l’Académie nationale de médecine, a d’ailleurs proposé une stratégie pour combattre d’âgisme et surtout éviter qu’il ne continue à se développer.
- Mieux défendre les inégalités fondées sur l’âge en améliorant la législation et les sanctions
- Éduquer (et à tout âge) tout en luttant contre les stéréotypes et les idées préconçues infondées
- Organiser des réunions intergénérationnelles et replacer le dialogue entre les différentes générations.
- Davantage financer les recherches qui visent à comprendre l’âgisme et à trouver des stratégies pertinentes pour y résister.
Avec l’espérance de vie qui ne cesse d’augmenter, il est primordial de considérer le 3ème âge comme une étape importante de la vie. Il est temps d’agir pour permettre aux personnes âgées de regagner leur estime sociale et de ne plus être invisibilisés.
En outre, il est primordial que les seniors bénéficient d’une solution d’hébergement en accord avec leur projet de vie. Les EHPAD et autres maisons de retraite classiques ne peuvent plus ignorer le fait que les structures accueillant des personnes âgées ne sont plus uniquement une solution temporaire pour finir ses jours dans des conditions de vie décentes. Nos maisons de retraite dites “à vivre” ont été imaginées en prenant en compte ce constat. Notre équipe respecte le passé et les envies de ses résidents en leur offrant la possibilité de reconstruire un nouveau foyer tout autant chaleureux au sein de nos établissements.